Des femmes chef sushi
Le 01/01/2014 à 06h20 - Actualités Japon
La Chef Martine Berner fait partie des rares Itamae au monde. Itamae désigne en français le maître sushi ou encore le chef sushi, une profession dominée jusque là par les hommes. Aujourd’hui, les choses sont en train de changer. En effet, au Japon, le nombre de femmes en formation pour devenir itamaé est en constante augmentation. Cependant, beaucoup de ces étudiantes ne comptent pas officier au Japon où la concurrence est rude. Elles espèrent faire carrière à l’étranger.
Les raisons qui freinent le recrutement des femmes
Dans le passé, au Japon, les femmes n’étaient pas autorisées à pratiquer l’art culinaire du sushi. Cette interdiction se basait entre autres sur la croyance que les mains féminines étaient trop chaudes (oui, vous avez bien lu !) pour réussir la confection des pièces.
Autre raison invoquée : les femmes ont des mains plus petites que celles des hommes. En fait, il existe toute une série de prétextes justifiant l’absence traditionnelle des femmes dans ce métier.
Le chef Toshio Ogiwara, dont le restaurant est partenaire de la Tokyo Sushi Academy, souligne que toutes ces raisons ne sont que des mythes. Selon lui, ces croyances sont sans aucun fondement et ont sûrement été avancées par des itamaé qui refusaient d’accepter des femmes comme apprentie ou assistantes.
L’école Tokyo Sushi Academy, l’institution à contre-courant de la tradition
La Tokyo Sushi Academy est située dans le quartier de Shinjuku à Tokyo. Depuis son inauguration en 2002, l’école a accueilli près de 1 900 étudiants, la plupart âgées de 20 à 30 ans. Les femmes souhaitant devenir itamae représentent une proportion non négligeable de l’effectif puisqu’elles constituent 8 des 28 étudiants qui composent une classe. Manifestement, elles ont trouvé dans ce centre de formation le moyen de réaliser leur rêve.
Par ailleurs, plus de 500 anciens diplômés de l’Académie, dont 20 % de femmes, travaillent dans une cinquantaine de pays. Selon l’école, certaines de ces femmes ont rencontré un succès flamboyant (ouverture de chaîne de restaurants, chef renommé, cours et manuel de sushi devenus des best-sellers dans leur pays d’adoption…).
Les femmes itamae : émigrer pour mieux exercer
En mars 2013, le ministère de l’Agriculture du Japon estime à 55 000 le nombre de restaurants japonais disséminé dans le monde. Tokyo Sushi Academy ne cache pas que beaucoup de ses étudiants, en particulier les étudiantes, désirent acquérir un savoir-faire pointu en sushi, car ils sont persuadés qu’il les aidera à émigrer dans le but de poursuivre une carrière internationale. En effet, de plus en plus de restaurants à l’étranger cherchent à recruter des itamae sans distinction de sexe. La seule condition est qu’ils aient suivi leur formation au Japon. Dans cette école, le diplôme qu’ils reçoivent en fin de cursus facilite non seulement leur embauche, mais également l’obtention d’un visa auprès des chancelleries étrangères.
Chef sushi à l’étranger : un métier rentable pour les Japonaises
Les Japonaises participant à la formation voient dans une embauche internationale l’opportunité d’exercer leur savoir-faire et leur art tout en bénéficiant de meilleures conditions de vie. Au Japon, il leur est difficile de vivre de leurs passions compte tenu de la discrimination qui règne dans le secteur.